10 - SURVEILLANCE BUCCO-DENTAIRE ET PREVENTION DES TRAUMATISMES CHEZ LES SPORTIFS

Comme nous l'avons vu, les résultats de notre enquête épidémiologique n'ont fait que confirmer l'ampleur du problème de la traumatologie dento-maxillaire liée à la pratique d'un sport à très haut risque dans ce domaine, en l'occurrence le rugby.

Il nous semble qu'une part importante de cette traumatologie pourrait être évitée par l'adoption de mesures simples de surveillance et de prévention.

10.1 - La surveillance bucco-dentaire des rugbymen

Cette surveillance bucco-dentaire des sportifs peut s'effectuer en cabinet ou bien, lorsque la logistique ne le permet pas, hors du cabinet dentaire.

10.1.1 - La surveillance en cabinet dentaire

10.1.1.1 - Contexte général

La pathologie dentaire est dominée par deux facteurs capables de créer l'inaptitude immédiate du sportif :

- l'urgence douloureuse ou infectieuse (carie, accidents d'évolution),
- les accidents traumatiques.

Ce dernier aspect, qui peut disparaître grâce à la prévention et à l'utilisation de protections, ne doit pas cacher la complexité des relations "santé bucco-dentaire / santé générale" dès lors que l'on s'attache à apporter à des sportifs de tous âges une forme physique optimale.

Les dents ne sont qu'un élément du système stomatognatique dont l'équilibre précaire est en perpétuel réajustement.

La pathologie bucco-dentaire essentielle (caries, parodontopathies) est induite et dominée principalement par la "plaque dentaire", secondairement par "l'équilibre occluso-articulaire".

La pathologie d'évolution de la dent de sagesse inférieure revêt une grande importance en raison de sa fréquence.
La langue et les gencives reflètent l'état de santé général, leur aspect est affecté par certains troubles endocriniens, par les états pathologiques de l'appareil digestif, les maladies du sang et le diabète.


10.1.1.2 - Buts de l'examen

Les objectifs sont multiples :

- juger de l'hygiène dentaire, des dépôts de plaque. des dépôts de tartre et en informer le joueur,

- rechercher toute lésion muqueuse, les caries et leurs complications, les fêlures, les fractures, les mortifications, les parodontopathies, les dents incluses ou en évolution, les persistances anormales de dents lactéales, les lésions endo-osseuses, les mal-occlusions et les dysfonctions, les malpositions et malformations orthodontiques,

- juger les restaurations prothétiques et éventuellement les protections utilisées.

Cet examen peut très bien s'intégrer dans un travail de recherche et satisfaire alors à une méthodologie particulière pour être statistiquement exploitable (comme ce fut le cas au cours de cette enquête). C'est alors un argument supplémentaire pour une politique plus audacieuse de prévention dans les sports à risques.

10.1.1.3 - Matériel nécessaire

Fauteuil et bloc hydrique, appareil radiographique rétro-alvéolaire et éventuellement appareil pour radiographie panoramique, scialitique, miroir dentaire plan, sonde droite, révélateur de plaque dentaire, miroir de courtoisie, fiche d'examen.

10.1.1.4 - Technique d'examen

10.1.1.4.1 - Examen clinique

Interrogatoire sur les antécédents médicaux et dentaires, traumatismes éventuels.

- Faire une révélation de la plaque dentaire et faire estimer au sportif la valeur de son hygiène, examiner l'importance des dépôts de plaque, des colorations tabagiques et du tartre.


- Examiner les téguments, les lèvres et particulièrement la ligne cutanéo-muqueuse, la face interne des joues en recherchant les traces de blessures récidivantes et d'éventuelles taches kératosiques, les gencives sur la face externe et interne des maxillaires en appréciant la hauteur de la fibromuqueuse adhérente, la langue et particulièrement son bord, les zones sublinguales.

- Juger l'état gingival et rechercher d'éventuelles poches parodontales et mobilités dentaires.

- Cocher le schéma dentaire en notant les persistances de dents lactéales, les dents absentes remplacées prothétiquement ou non, les dents couronnées.

- Examiner attentivement les dents de sagesse évoluées ou non, pour apprécier leur stade d'évolution, leur angle d'évolution, l'espace osseux disponible et l'existence ou l'absence de fibromuqueuse attachée, rechercher l'existence éventuelle d'un capuchon inflammatoire et d'un kyste marginal postérieur.

- Rechercher les caries en examinant chaque dent sur ses cinq faces en procédant, dent par dent, suivant un ordre systématique , explorer les sillons à la sonde.

- Eclairer par trans-illumination pour juger des caries proximales, des fêlures, des changements de teintes signant une mortification.

- Contrôler la vitalité des dents suspectes au pulpe-testeur.

- Examiner les rapports d'harmonie dento-maxillaire, les malpositions et les troubles orthodontiques en jugeant en particulier l'importance des proalvéolies supérieures et des supraclusions incisives.

- Examiner l'occlusion suivant les classes d'Angle.

- En présence d'un trouble de l'occlusion ou d'une dysfonction, il faut procéder à un examen gnathologique de l'occlusion et des articulations temporo-mandibulaires (A.T.M).

10.1.1.4.2 - Examens complémentaires
10.1.1.4.2.1 - Examens radiographiques

Ce sont les examens rétro-alvéolaires ou panoramiques.

· Radiographie panoramique : la radiographie panoramique donne un bilan global des arcades dentaires et des maxillaires particulièrement intéressant en odonto-stomatologie du sport, car il permet de dépister en un seul cliché les mesiodens en rétention, les dents incluses ou en évolution, les lésions apicales et les traitements canalaires insuffisants, les caries proximales, les lésions endo-osseuses.

Il donne une approximation de l'état parodontal. Chez l'enfant il donne, dès 14 ans, une certitude sur l'existence et une estimation sur le devenir des dents de sagesse. Son interprétation rapide, facile, permet d'illustrer les explications que l'on doit fournir à son patient. Son interprétation précise et souvent délicate peut nécessiter des films rétro-alvéolaires complémentaires.

Cet examen mériterait d'être systématique pour tous les sportifs qui s'exposent à des traumatismes ; il est indispensable dès lors que l'on suspecte des dents incluses, ou en évolution, ou des lésions endo-osseuses.

· Radiographie rétro-alvéolaire : elle donne une image très fine, facilement exploitable mais limitée à trois dents. Un examen buccal complet nécessite 14 clichés et ne peut donner d'image de la zone angulaire de la mandibule.

Le dépistage des caries proximales à leur début, des traitements canalaires imparfaits, des lésions apicales, des fêlures et fractures radiculaires, n'est souvent possible qu'avec cette technique.

10.1.1.4.2.2 - Examen gnathologique de l'occlusion et des ATM

Un examen gnathologique succinct de l'occlusion devrait accompagner tout examen buccal. Il devrait par ailleurs :

- succéder à tout travail de restauration dentaire et à tout traitement orthodontique,

- précéder la réalisation de tout protège-dents ou de toute protection dento-maxillaire individuelle.

· Les ATM : le mouvement d'ouverture et fermeture de la bouche doit se faire, si l'on se réfère au point incisif inférieur, dans le plan sagittal médian ; tout mouvement en baïonnette ou toute limitation d'ouverture dénote un syndrome dysfonctionnel.

· Les muscles masticateurs : l'interrogation et la palpation peuvent mettre en évidence des états de contracture douloureuse au niveau des ptérygoïdiens internes et externes. Ils témoignent d'une contracture permanente permettant à la mandibule de se resituer pour trouver des contacts dentaires acceptables.

· Les dents : la manipulation de la mandibule sur un patient décontracté, qui abandonne sa mâchoire à l'opérateur, doit permettre, en faible ouverture, un mouvement de rotation pure autour d'un axe situé au niveau des ATM. Ce mouvement doit se terminer en fermeture par des contacts dentaires égaux et harmonieux sur toutes les dents :

- la propulsion mandibulaire doit se faire suivant des contacts uniquement incisifs,

- les déplacements mandibulaires latéraux doivent s'accompagner de contacts inter-arcades du côté du déplacement, sans aucun contact du côté opposé.

Tout trouble occlusal entraînera à terme une altération du système manducateur dans les sports de contacts. Une interférence occlusale molaire peut favoriser une fracture mandibulaire.

10.1.2 - La surveillance bucco-dentaire des sportifs hors cabinet dentaire

L'absence d'équipement dentaire ne justifie pas l'absence d'examen dentaire, qui peut se pratiquer sur une table d'examen médical, patient couché, praticien debout en arrière, avec une bonne lampe d'examen. Le matériel complémentaire peut être miroir, lampe endoscopique, sondes, précelles, pulpe-testeurs, révélateur de plaque.

Les examens radiographiques complémentaires seront demandès si nécessaires.

10.1.2.1 - Dans les clubs

Bien qu'aucune structure ne soit généralement prévue à cet effet (sauf dans quelques rares grands clubs professionnels qui profitent d'un odonto-stomatologiste suivant régulièrement les sportifs), les entraîneurs et médecins de clubs ont au moins à attirer l'attention des sportifs sur l'intérêt du dépistage, voire de soins et, éventuellement, les guider vers les centres ou un cabinet dentaire. Ils doivent également les informer sur les moyens de prévention et de protection existants.

De plus, le médecin peut déjà effectuer un examen succinct et faire réaliser une radiographie panoramique dont l'observation commentée constitue, très souvent, un excellent moyen pour une orientation vers des traitements nécessaires.

10.1.2.2 - Dans les centres médico-sportifs

Le dépistage et la surveillance peuvent être faits par un médecin du sport, ou mieux, par un dentiste ou stomatologiste affecté au centre (ce qui est encore trop rare). Cette surveillance s'effectue surtout lors des visites médicales annuelles pour l'obtention de la licence.

Il serait souhaitable, dans ce cadre, de rendre le contrôle bucco-dentaire, ainsi que les protections bucco-dentaires pour les sports dangereux, comme le rugby, obligatoires.

Bien entendu, le contrôle bucco-dentaire fait aussi partie des examens effectués, en cours d'année, dans le suivi médical des sportifs (quand celui-ci existe, et peut se faire, ce qui n'est pas toujours le cas).

10.1.2.3 - Dans les services hospitalo-universitaires

Les sportifs y ont recours, soit en urgence, soit adressés par les médecins des clubs, des centres médico-sportifs, des instituts régionaux, etc. Certaines consultations sont déjà très averties sur les spécificités des sportifs. D'autres ne le sont pas encore mais devraient l'être progressivement.

En résumé :

- il faudrait motiver davantage tous les sportifs et leurs cadres sur l'importance de la surveillance et des soins bucco-dentaires,


- il faudrait, à nouveau, attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'intérêt du développement et de l'aménagement "bucco-dentaire" des centres médico-sportifs et autres, ainsi que sur la nécessité du dépistage et des protections pour les sportifs,

- il faudrait, enfin, dans le cadre de la formation universitaire ou continue, informer les odontologistes sur leur mission de prévention et surveillance, car la surveillance odontologique des sportifs a sa raison d'être et ne devrait jamais être oubliée.

Il ne faut pas non-plus hésiter à contre-indiquer temporairement la pratique du rugby lorsque le joueur présente certaines conditions défavorables (dents incluses ou en évolution, proalvéolie maxillaire importante, gingivostomatite, parodontite), tant que la solution thérapeutique n'est pas apportée.


10.2 - La prévention bucco-dentaire des rugbymen

Comme nous l'avons dit plus haut, cette prévention devrait être partie intégrante d'un "code de bonne pratique sportive", en cherchant à sécuriser au maximum le jeu. On peut prendre l'exemple du football américain où le port d'un protège-dents est obligatoire (prévention des chocs indirects inter-arcades), en plus du casque intégral. Tout contrevenant à la règle pénalise toute son équipe par la perte du ballon au profit de l'équipe adverse.

Les moyens de protections se développent de plus en plus dans le monde du rugby : épaulières, protections faciales extra-orales, pour prévenir les chocs violents lors des contacts.

10.2.1 - Les protections faciales

Les règles du rugby interdisent le port d'un casque dur ou d'une protection faciale rigide. On tolère néanmoins (et certaines fédérations anglo-saxones notamment le recommandent même) toutes les protections souples protégeant le joueur. Elles sont aujourd'hui très peu répandues. Ces casques souples sont, en fait, initialement des protège-oreilles. Ils évitent aux avants d'être soumis aux abrasions et autres frictions des pavillons lors des mêlées organisées et des regroupements.


10.2.2 - Les protège-dents et protections dento-maxillaires individuelles

- Dès 12 ans : le jeu commence à devenir engagé et se structure. Il faut dès cet âge sensibiliser l'enfant et les parents aux risques de sa pratique du rugby et envisager le port d'un protège-dents semi-adaptable par thermoformage, dès que l'arcade dentaire est complète, de l'incisive centrale à la première molaire. Le suivi permettra l'adaptation et/ou le remplacement de la protection.

Si l'enfant est en cours de traitement orthodontique, alors le port de cette protection doit être systématique et le suivi sans faille.

- A partir de 15 ans : le jeu est presque similaire à celui des adultes, l'engagement physique est plein. Ce doit être le début de la surveillance des dents de sagesse et des indications de germectomie.

Le protège-dents thermoformable doit être obligatoire.

Dès la fin de la croissance osseuse, on doit passer à une protection dento-maxillaire individuelle type SAMETZKY.

10.2.3. - Les protections dento-maxillaires type SAMETZKY

L'accident bucco-dentaire est un risque onéreux tant pour le sportif que pour l'assureur et la société. La guérison ad integrum ne peut être obtenue. La protection dento-maxillaire personnelle est la seule à permettre de se prémunir efficacement contre les traumatismes dento-maxillaires sans engendrer, pendant la pratique sportive, gêne, inconfort, risques iatrogènes ou risques de contre-performances. La technique décrite par M. SAMETZKY (57-58) et proposée ici répond à quatre principes :

- isoler les leviers des dents,
- protéger les dents maxillaires,
- amortir les contacts inter-arcades et solidariser les mâchoires.


La protection se doit de respecter la phonation, la déglutition et la respiration buccale même dents serrées tout en étant stable et rétentrice.

Avant d'étudier la réalisation d'une protection personnelle, il convient de comprendre les différents mécanismes des traumatismes.
Suivant sa direction et son intensité, le traumatisme peut atteindre divers éléments du massif facial dont la résistance dépend de la situation mandibulaire.

La situation la plus fréquente est celle où le sportif se trouve en position de bouche ouverte et mâchoires non serrées. Dans cette situation le maxillaire et la mandibule n'offrent que leur résistance squelettique. La mandibule libre peut menacer en cas de choc les ATM, l'oreille interne, les arcades dentaires et le maxillaire.

En situation mâchoires serrées, les arcades dentaires engrenées, réalisent un système boîte-couvercle verrouillé, maintenu par des forces musculaires de l'ordre de 100 kg.

La mandibule est soutenue dans toute sa zone antérieure. Elle est emballée par la masse musculaire de la sangle temporo-massétérine. La contraction des muscles hyoïdiens réalise le hauban le plus antérieur du rachis cervical et le segment céphalique se situe en légère antéflexion.

Les chocs peuvent intervenir soit de manière directe, soit indirecte. Lors des chocs directs seules les incisives et les canines maxillaires sont menacées. De même les lèvres et les joues peuvent être écrasées contre les dents. Lors des chocs indirects, la fermeture accidentelle brutale menace toutes les dents et la langue peut être coupée.

10.2.3.1 - Méthode

Proposée depuis 1973 et modifiée depuis 1983 en une variante par thermoformage, nous nous proposons de décrire la méthode classique par mise en moufle de SAMETZKY (57-58).

C'est une gouttière maxillaire en polyéthylène acétate de vinyle de dureté shore A de 78 avec une armature vestibulaire en stellite coulé. Cette dernière est noyée dans le matériau qui recouvre l'ensemble des dents de l'arcade maxillaire de la deuxième molaire droite à la deuxième molaire gauche ainsi que la partie vestibulaire des procès alvéolaires. Elle comporte une sur-élévation bilatérale étendue de la canine à la seconde molaire avec recouvrement de 2 à 3 mm des dents mandibulaires. Une large béance incisive permet la respiration buccale même mâchoires serrées. Le palais reste totalement libre.


10.2.3.2 - Matériel

La réalisation d'une protection dento-maxillaire personnelle nécessite d'avoir à sa disposition au cabinet comme au laboratoire le matériel suivant :

Au cabinet :
des portes empreintes semi perforés classiques,
de la cire périphériwax de Surgident,
de la cire aluwax entoilée,
de la cire normale,
un bain thermostatique réglable à 430C,
de l'eau glacée.

Au laboratoire :
un articulateur FAG MATIC â (semi adaptable) et une table de montage,
matériel et matériaux pour coulée de stellite,
matériel spécifique à la mise en oeuvre de l'IVOCLAR â élastomère,
c'est à dire : moufle, injecteurs, air comprimé à 7 bars, cuiseur, presse hydraulique résine monomère et polymère mélangeur, chloroforme.

10.2.3.3 - Réalisation temps clinique initial examen clinique

Il faut rechercher d'éventuelles fragilités squelettiques par la présence de dents incluses ou en évolution, de lésions endo-osseuses, de malformations orthodontiques, de trouble de l'occlusion, d'un état parodontal pathologique. On peut compléter si nécessaire par un bilan radiographique.

· Prise d'empreintes

Empreinte maxillaire:
Elle doit comporter toute la hauteur des vestibules et reproduire le libre jeu dynamique des freins et des brides. Il faut choisir un porte empreinte classique pour alginate choisi large dont on prolongera éventuellement les volets vestibulaires antérieurs avec de la cire "péripheriwax" molle à température buccale. Il faut utiliser un alginate épais en quantité 50 % plus élevé que pour une empreinte classique. On garnit la gouttière et on constitue un rempart périphérique élevé mais on ne charge pas le palais. Si les vestibules du patient sont importants, on peut les garnir au doigt.


Le porte empreinte est inséré dans l'axe incisivo-canin après avoir relevé la lèvre supérieure. Il faut alors écraser les téguments en refoulant l'alginate vers le haut des vestibules et inviter le sportif à serrer fortement les lèvres sur le manche du porte-empreinte.

Empreinte mandibulaire classique :
Elle ne nécessite pas de moulage des zones vestibulaires.

· Enregistrement de l'occlusion

Il faut annuler l'espace d'inocclusion. Dans le sens vertical il convient de supprimer toute supracclusion incisive et de créer une béance de 1 mm. Dans le sens antéro-postérieur on cherche à enregistrer la position de convenance prise librement par le patient. L'enregistrement est fait sur une plaque de cire entoilée doublée latéralement de deux bandes d'aluwax normale. La plaque de cire "aluwax" entoilée est préalablement prédécoupée au forme de l'arcade maxillaire en conservant un débordement de 3 mm latéralement. Les pointes canines mandibulaires sont repérées en invitant le patient à fermer légèrement sur la plaque. Les deux bandes de cire non entoilées de 2 mm sont alors ajoutées sur la face inférieure allant de chaque coté des pointes canines repérées au bord postérieur de la plaque. L'ensemble est réchauffé dans le bain à 43 °C pendant une vingtaine de secondes. La cire est plaquée sur les faces occlusales maxillaires et le patient est guidé jusqu'à la hauteur d'occlusion dèsirée. La cire est alors refroidie en bouche puis immergée dans l'eau glacée. Le fond des sillons est éliminé de l'enregistrement. puis la plaque est repositionnée en bouche et contrôlée.

· Coulée des empreintes

Il faut utiliser un plâtre dur, malaxé sous vide pour éviter la présence de bulles.

· Contrôle de la cire d'occlusion avec les modèles


10.2.3.4 - Etapes de laboratoire

· Mise en articulateur

Elle se fait en utilisant la table de montage avec un articulateur semi-adaptable de type FAG MATIC ®.

· Analyse des modèles et tracé des limites

Les contre dépouilles trop importantes sont éliminées par garnissage.
Au maxillaire, le tracé s'étend de l'angle disto-vestibulaire de 17 à celui de 27. En vestibulaire il faut suivre le fond des vestibules au niveau de la ligne de réflexion muqueuse en libérant les freins et les brides. En lingual, la limite suit les collets palatins de l7 à 27.

A la mandibule, le tracé part de l'angle mésio-vestibulaire de 33 et suit alors parallèlement à 3 mm sous la ligne de la pointe des cuspides de 34, 35, 36, 37. La limite remonte entre 37 et 38 sur l'arcade et fait le chemin inverse sur les faces linguales jusqu'à l'angle mésio-lingual de 43. Idem à droite coté secteur 4.

· Réalisation du renfort stellite

Le travail est fait directement sur le modèle sans réaliser de duplicata. On utilise une préforme de chaînette de 1 mm d'épaisseur et de 5,5 mm de largeur. Elle est plaquée sur les surfaces vestibulaires de 17 à 27 à mi hauteur dans les zones molaires et prémolaires et au tiers incisif dans la zone antérieure. En cas d'espace d'indentation non restauré, on ajoute une entretoise dans tout cet espace. Avant de détacher la maquette en cire du modèle on installera les tiges et le cône de coulée. L'ensemble est décollé du modèle et mis en revêtement. La coulée en stellite doit s'effectuer avec un alliage peu cassant. Après le polissage mécanique et électrolytique, la chaînette est positionnée et contrôlée sur le modèle. Afin de pouvoir maintenir l'armature en place lors de la mise en moufle après élimination de la cire, cinq tiges supports tels les rayons d'une roue sont soudées.

· Confection de la maquette en cire

Les plaques de cire sont ramollies à l'eau chaude. Une première épaisseur est plaquée sur l'arcade maxillaire avant de repositionner parfaitement le renfort métallique légèrement chauffé sans perforer cette première cire. Les vestibules sont garnis en suivant les tracés. Les surfaces linguales des dents maxillaires sont recouvertes totalement sans excéder 2,5 mm d'épaisseur au niveau des bombés des dents.


Deux bourrelets d'occlusion latéraux allant de la face mésiale de la canine mandibulaire à la face distale de la seconde molaire sont réalisés. Il faut alors ramollir la cire et fermer l'articulateur. Les limites de la cire sont ajustées pour obtenir le recouvrement des dents mandibulaires jusqu'aux niveaux tracés. Les finitions sont réalisées classiquement après avoir contrôlé que les épaisseurs sont proches de 2,5 mm à l'aide d'une sonde calibrée.

· Mise en moufle

Classique en incluant bien les tiges support dans le plâtre.

· Bourrage par injection et polymérisation

Ils se font en utilisant le matériel spécial d'IVOCLAR â et en respectant la méthode.

· Démouflage et polissage

Les tiges support sont éliminées par traction et manipulations à la pince avant de sortir la protection dento-faciale du modèle maxillaire. Le lissage terminal s'effectue avec un tampon de chloroforme pour donner un état de surface brillant.



10.2.4 - Protection des appareils orthodontiques fixes en pratique sportive


Le traitement orthodontique pose un problème pour la pratique sportive. Sous l'effet des chocs au niveau de la face deux évènements peuvent se produire :

- les tissus muqueux intra-buccaux se blessent sur les arcs, les ligatures ou les attaches. La répétition fréquente de ces blessures peut à la longue faire abandonner toute activité sportive,

- les arcs déformés, les bagues descellées ou les attaches décollées obligent à une consultation d'urgence pouvant à terme amener à décider unanimement de l'arrêt de la pratique sportive.


10.2.4.1 - Les petits moyens de prévention

Afin de prévenir les accidents bucco-dentaires, il faut protéger les muqueuses et les appareils orthodontiques. Les appareils mobiles sont systématiquement enlevés avant l'entraînement et les compétitions.

- Le sparadrap.

Faute de mieux, le sparadrap collé sur les éléments métalliques peut protéger les tissus mous, mais son application et son maintien sont relatifs.

- Le chewing-gum.


10.2.4.2 - Les grands moyens

- Le protège-dents thermoformable du commerce.

Difficilement applicable sur les dents nues, il est pratiquement impossible à modeler sur les éléments de l'appareil orthodontique. Même appliqué en bouche le mieux possible, sa mise en place et son retrait peuvent modifier la courbure de l'arc, décoller une attache ou desceller une bague.

- Le protège-muqueuses.

Pour être efficace le protège-muqueuses doit répondre aux deux principes suivants :

- Prendre appui sur les dents et les muqueuses alvéolaires grâce à une gouttière, en évitant tout contact avec l'appareil orthodontique.
- Sa mise en bouche et son retrait doivent se faire aisément, sans danger pour l'appareil, par la présence de volets vestibulaires rabattables.

Réalisation du protège-muqueuses décrite par LAMENDIN (41)

- Prise d'empreinte : pour éviter les déchirements de l'alginate, les attaches et les arcs doivent être noyés dans du silicone lourd. La prise d'empreinte s'effectue facilement et doit comporter toute la hauteur du vestibule.

- Coulée du modèle : le modèle est coulé en plâtre dur. Le socle doit être suffisamment épais (> 1 cm) pour permettre de parfaire le thermoformage dans le fond des vestibules.

- Le thermoformage : On utilise soit une plaque thermoplastique de 3 mm d'épaisseur ou deux plaques de 1,5 mm collées l'une à l'autre. Pour la plaque de 3 mm, elle peut être ramollie dans de l'eau chaude sous vide pour éviter les apparitions de bulles. Pour les plaques de 1,5 mm, il faut impérativement les ramollir avec une source de chaleur afin de permettre la parfaite cohésion des deux plaques et éviter les bulles entre celles-ci.

Le modèle est perforé en son milieu et placé au centre de l'appareil à emboutir sous vide. Après ramollissement, les plaques sont placées sur le moulage en plâtre dur qui est introduit dans l'appareil à thermoformer.

- Dessins et finitions : après refroidissement, les bords du protège-muqueuses sont découpés en prenant soin de libérer les freins et les brides, puis adoucis avec une meulette en caoutchouc une pointe en carbure de tungstène à denture fine ou une spatule chaude. En collaboration avec l'orthodontiste, le tracé des volets est réalisé. L'incision se fait du haut du vestibule vers la face occlusale des dents. Le palais est dégagé ou non.

- La mise en bouche et le retrait : pour introduire et retirer le protège-muqueuses, il suffit d'écarter les volets vestibulaires, la protection sera alors libérée sans altérer ni les arcs, ni les attaches.

Choix de l'arcade :

Lorsque le traitement intéresse uniquement une arcade, la protection sera portée à ce niveau. Au niveau mandibulaire, il faut prendre soin de libérer l'espace lingual. Si les deux arcades sont appareillées, la protection sera construite sur l'arcade supérieure, car c'est elle qui absorbe les chocs. Parfois, il sera judicieux de prolonger le protège-muqueuses par une jupe vestibulaire pour renforcer la protection de l'arcade mandibulaire.

Afin d'éviter les risques de glissement sur la surface occlusale, il est souhaitable d'enregistrer l'indentation antagoniste sur la face de recouvrement de la protection. Pour cela, il faut ajouter une surépaisseur de matériau sur les faces occlusales. L'enregistrement de l'indentation se fait par un ramollissement suffisant de la surépaisseur grâce au chalumeau qui est également utile pour parfaire le polissage de finition.


10.2.4.3 - Conclusion

Le protège-muqueuses lève les contre-indications de la pratique des sports de combat ou de contact. Il protège les appareils orthodontiques fixes et permet ainsi le bon déroulement du traitement.

Facile à thermoformer, il peut être remplacé ou réadapté en fonction des besoins et de l'évolution du traitement. Son coût est peu élevé et est recommandé par la Société Française d'Odontostomatologie du sport qui souhaite qu'il soit réalisé systématiquement, dès lors qu'il y a risque traumatique à l'occasion d'activités physiques ou sportives.

CONCLUSION

Cette enquête réalisée sur les rugbymen de Seine-Saint-Denis fait partie d'une étude globale des traumatismes dento-maxillaires entreprise par le service d'épidémiologie-prévention de la faculté de chirurgie dentaire de Montrouge.

Elle a permis de confirmer les premiers résultats obtenus par MM. TARDIVON et TAVERNIER en ce qui concerne l'ampleur de la traumatologie dento-alvéolaire occasionnée par la pratique sportive.

Des caractéristiques propres à l'étude des rugbymen se sont dégagées et ont mis en évidence l'inégalité de chacun devant le risque traumatique.

Les résultats propres au rugby permettent d'affirmer que les protège-dents du commerce sont une parade efficace contre les traumatismes, mais leur port empêche le joueur de pratiquer son sport dans des conditions supportables (respiration difficile, gêne, difficultés d'élocution…).

La protection dento-maxillaire de type SAMETZKY apparaît donc la seule capable de garantir une prévention efficace tout en permettant au joueur de s'accomplir complètement sans aucune gêne.

Très peu de joueurs les utilisent du fait principalement de leur coût élevé mais aussi par le peu d'intérêt suscité par la majorité des joueurs à la prévention des traumatismes maxillo-faciaux.

Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la prévention de ces traumatismes. Un vaste programme s'adressant à tous les acteurs de la santé (médecins du sport, praticiens odontologistes et stomatologistes, étudiants, prothésistes dentaires), aux organismes sociaux (caisses d'assurance maladie, mutuelles), au monde sportif (joueurs, entraîneurs et dirigeants) devra être mis en œuvre pour permettre une prise de conscience générale de ce problème de santé publique.

Thèse - Chapitre 10