8 - METHODOLOGIE DE L'ENQUETE


8.1 - Introduction

Une enquête épidémiologique nécessite une approche rigoureuse.

Elle est souvent le résultat d'une volonté de définir en terme de statistiques des constatations faites à petite échelle.

Il faut décider d'une méthodologie de l'enquête bien avant que celle-ci ne commence pour éviter les écueils majeurs suivants :

- données numériquement insuffisantes pour établir des résultats statistiques significatifs,
- apparitions de biais statistiques,
- inadéquations des critères d'évaluation avec les données à relever.

C'est pourquoi de nombreuses réunions entre les différents intervenants de cette enquête furent nécessaires pour mettre au point les éléments suivants à savoir : la détermination du type de données à étudier ainsi que la manière d'y avoir accès, le choix des indices, le recueil de ces indices et l'analyse des résultats.


8.2 - Les données

8.2.1 - Choix des données

Par le terme de "données", on entend les individus à étudier. Dans notre cas, des rugbymen évoluant au sein de clubs de la Région Parisienne.

Dans notre enquête ne se posait pas le problème de connaître le cadre "légal" (sportifs libres, adhérents, ou licenciés) de la pratique du rugby, puisque nous avions accès à des individus licenciés au sein d'un club.

Pour des raisons de durée de l'enquête, et d'accès aux données, nous avons décidé :

- de n'étudier que des rugbymen ayant au moins 12 ans d'âge : à cet âge, en théorie, la classe d'Angle est apparente et il existe un engrènement dento-dentaire relativement stable,

- de nous efforcer, dans la mesure du possible, d'examiner les mêmes proportions de joueurs de chaque catégorie : Cadets, juniors, et seniors.

Ces deux critères devaient nous permettre d'obtenir une certaine homogénéité dans la population des sportifs étudiés, et de diminuer les risques de biais liés au stade de dentition des très jeunes rugbymen (poussins, benjamins : exclus de l'étude).

8.2.1 - Accès aux données

8.2.1.1 - Sur le terrain

Cette enquête épidémiologique a nécessité quelques négociations et mises aux points préalables. Il faut avoir à l'esprit que ce type d'étude demande une préparation importante avant de se rendre sur le terrain pour le recueil des informations.

Comme nous l'avons déjà mentionné, cette étude est la suite du travail d'investigation, sur le terrain, entrepris par le service d'épidémiologie de la faculté de chirurgie-dentaire de Montrouge, en coordination avec les autorités publiques, le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis (Région Parisienne).

De ce fait, le processus de coopération avec la sphère sportive était déjà engagé, mais à une échelle géographique relativement limitée (le Club Municipal d'Aubervilliers, club omnisports, en l'occurrence).

Pour notre enquête se posait la question de prendre contact avec l'ensemble des clubs de rugby de ce département, donc localisés dans des lieux différents, avec des responsables et des dirigeants différents d'un club à l'autre.

En contact avec les Docteurs PETIT et GUYNOISEAU, médecins du sport attachés aux clubs sportifs de le Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement au club de rugby d'Aulnay-sous-Bois pour le Docteur GUYNOISEAU, nous avons dû convaincre les dirigeants des différents clubs de l'intérêt de cette enquête.

Dans ce but, nous avons adressé à chaque Président de club un courrier les informant, d'une part de notre projet, et d'autre part que nous prendrions prochainement contact avec eux afin de définir une date de passage dans leur club.

Il fut entendu qu'en échange de l'accès aux sportifs des clubs, les chirurgiens-dentistes associés à l'enquête profiteraient du dépistage pour donner aux rugbymen des conseils de soins personnalisés.


La démarche, expliquée comme précédemment, paraît simple et pourtant elle nécessite un grand travail de persuasion. Il faut savoir que dans le milieu sportif, le personnage central est très souvent l'entraîneur dans le club. Les dirigeants de clubs étant souvent des personnes bénévoles, et les entraîneurs des professionnels salariés, il existe une hiérarchie décisionnelle, souvent officieuse, qui laisse ces derniers en charge de la gestion du temps lors des cessions d'entraînement.

De ce fait, après avoir pris contact avec le Président d'un club nous étions très souvent amenés à contacter l'entraîneur pour décider des modalités de notre passage lors des entraînements. Le travail de persuasion auprès des entraîneurs a nécessité de nombreux appels téléphoniques, et parfois même des déplacements sur les terrains d'entraînements.

Peu de sportifs furent réticents à ce dépistage et l'accueil fut généralement très favorable, et notamment auprès des plus jeunes. Certes, la peur du dentiste reste très présente et l'appréhension pour certains de subir un examen dentaire a refroidi quelques sportifs. L'examen se déroulant de façon anonyme et individuelle, les réticences ne durèrent pas.

8.2.1.2 - Les sportifs mineurs

Dans le cadre de dépistages comme ceux réalisés dans notre enquête, il n'est pas nécessaire de demander une autorisation parentale préalable aux sportifs qui n'ont pas atteint l'âge de la majorité civile : l'entraîneur et le Président du club font office de garants légaux lors des entraînements. Dans ce but, une décharge parentale est signée à leur profit en début d'année sportive pour la durée des entraînements.

Par contre, si un des parents s'opposait expressément au dépistage, alors nous n'effectuerions pas cet examen sur les mineurs concernés. Mais ce cas de figure ne s'est pas présenté.

8.3 - Le choix des indices à relever

8.3.1 - Introduction

On entend par indices, les éléments à observer et à relever chez le sportif étudié.


Il s'agit de l'une des étapes les plus difficiles de la préparation de l'enquête. En effet, plusieurs critères de choix sont à prendre en compte :

- le nombre : plus il y a d'indices à relever, plus le temps d'observation du sportif sera long et plus le traitement statistique des résultats sera complexe. Il faut donc faire des compromis,

- la pertinence : les indices à relever doivent avoir un intérêt direct ou indirect avec les recherches statistiques. Il faut avoir à l'avance une idée de ce que l'on recherche sans pour autant avoir une idée précise du résultat,

- la facilité de diagnostic : les indices doivent être facilement reconnaissables et caractérisables sans moyen diagnostic lourd ou technique (radiologie),

- la validité scientifique : les indices doivent être reconnus et validès scientifiquement, pour assurer le meilleur recueil des éléments et pour permettre une reconnaissance des résultats.

Un indice se relève parfois sous la forme d'un "oui /non" ou bien "absence ou présence", mais dans de nombreux cas, on est amené à caractériser cet indice et à lui donner une valeur quantitative.

Ces caractéristiques de l'indice sont fondamentales et doivent être respectées scrupuleusement. Leur choix sera ainsi judicieux, en accord avec les règles précédemment citées.

Les indices retenus pour cette étude seront décrits et justifiés. Leurs intérêts croisés seront abordès lors du traitement statistique.

8.3.2 - Les indices de l'enquête

8.3.2.1 - Indices généraux

8.3.2.1.1 - date

C'est la date de dépistage du sportif ; elle permet un contrôle de la progression de l'enquête.

8.3.2.1.2 - Etablissement

Cet indice présente quatre valeurs possibles : Club sportif, Hôpital, Lycée, Collège. Ces valeurs correspondent actuellement aux différents lieux de dépistages possibles pour cette étude. Il permet de connaître les populations de ces établissements en termes de traumatismes et de les comparer.

Dans notre cas, nous nous sommes limités à une population de sportifs rugbymen de clubs sportifs.

8.3.2.1.3 - Enquêteur

Cet indice présente plusieurs valeurs associées au nom des différents chirurgiens-dentistes pratiquant les dépistages. Il permet de comparer les résultats qualitatifs de chaque praticien et éventuellement de rectifier une erreur de calibrage.

8.3.2.2 - Indices morpho-sociologiques

8.3.2.2.1 - Age

Cet indice se relève sous la forme d'un nombre supérieur ou égal à 12, d'après le cadre de notre enquête. Il permet de connaître la répartition en âge des individus étudiés. Une corrélation avec le niveau scolaire du sportif et avec de nombreux autres indices est intéressante.

8.3.2.2.2 - Sexe

Les valeurs associées à cet indice sont "masculin" et "féminin". Cet indice permet de connaître les traumatismes dans la pratique sportive avec une répartition selon le sexe.

8.3.2.2.3 - Taille (en cm) / Poids (en Kg)

Ces deux indices associés à des valeurs numériques donnent un aperçu morphologique succinct du sportif et sont à corréler avec la survenue de traumatismes dento-maxillaires et le niveau de pratique.

8.3.2.2.4 - Niveau scolaire

Cet indice présente actuellement les valeurs suivantes :

- sans activité
- collège
- CAP
- BEP
- LEP
- BAC
- 2nd Cycle
- travail.

Il correspond au niveau scolaire actuel, ou au niveau le plus avancé ayant été acquis. Cet indice est à corréler avec l'âge, le port de protection dento-maxillaire, le risque traumatique, etc.

8.3.2.2.5 - Numéro

Ce n'est pas un indice mais un repère nécessaire pour l'inclusion des informations dans une base de données informatique et pour le traitement statistique associé des données. Ce numéro associé à chaque sportif, permet aussi le contrôle d'erreurs lors de la saisie informatique.

8.3.2.3 - Indices de la pratique sportive.

8.3.2.3.1 - Sport

C'est le sport pratiqué par le sportif. Bien entendu, étant donné le cadre de notre étude, l'indice correspondant à pour valeur le "Rugby", principalement.

Nous pourrions être amenés à y faire figurer d'autre sports, selon les pratiques annexes de ces mêmes sportifs inclus dans notre étude.

8.3.2.3.2 - Cadre

C'est le cadre local de la pratique sportive. Trois valeurs sont associées à cet indice :

- club : Lorsque la pratique sportive se fait au sein d'un club,
- scolaire : Lorsque la pratique sportive se fait dans le cadre scolaire,
- rue : Lorsque la pratique sportive se fait dans la rue ou dans les installations libres-services mises en place par les institutions sportives.

Ces valeurs ne sont pas exhaustives mais sont suffisantes pour notre enquête. Dans une étude plus large, on pourrait ajouter la valeur " travail " associée au sport en entreprise. Cet indice est à corréler avec la survenue des traumatismes dento-maxillaires.

8.3.2.3.3 - Postes

Cet indice correspond au(x) poste(s) de jeu occupé(s) par les rugbymen dans la pratique de leur sport.

Les items correspondant à cet indice sont :

- " 2ème ligne "
- " 3ème ligne aile "
- " 3ème ligne centre "
- " demi de mêlée "
- " demi d'ouverture "
- " trois quart centre "
- " trois quart aile "
- " trois quart centre "
- " arrière ".

Cet indice est à corréler avec le risque traumatique, certains postes pouvant être plus à risque que d'autres.

8.3.2.3.4 - Pratique

Cet indice correspond au cadre "légal" de la pratique sportive. Quatre valeurs sont associées à indice :

- licencié : valeur associée au paiement d'une licence pour l'affiliation à une fédération,
- adhérent : valeur associée au versement d'une cotisation pour l'adhésion à un organisme dont les statuts incluent la pratique sportive,
- scolaire : valeur associée à la pratique sportive dans le milieu scolaire,
- libre : valeur associée à tout autre type de pratique sportive.

8.3.2.3.5 - Niveau

Cet indice correspond au niveau de pratique du sportif dans sa discipline. Ce caractère semble assez subjectif pour nous, enquêteurs, mais dans le milieu sportif, cette classification ne semble pas si floue.

Pour apprécier le niveau des sportifs étudiés dans notre enquête, il suffit de connaître la catégorie dans laquelle ils évoluent ( minimes, réserve,…), soit tout simplement de poser la question aux entraîneurs qui ont une idée précise du niveau de leurs sportifs.

Trois valeurs sont associées à cet indice :

- débutant,
- moyen,
- confirmé.

Cet indice est à corréler avec la fréquence et la gravité des traumatismes dans la pratique sportive, le port des protections dento-maxillaires, etc. .


8.3.2.3.6 - Fréquence des entraînements

Cet indice est à relever sous forme de deux chiffres :

- le premier correspond au nombre d'entraînements par mois pendant la période scolaire,

- le second correspond au nombre d'entraînements par mois pendant la période hors scolaire.

La combinaison de ces deux chiffres donne une idée assez précise de la charge d'entraînement du sportif. Ceci peut être corrélé au risque traumatique.

8.3.2.3.7 - Compétition

Cet indice se relève sous la forme "oui/non" : le sportif participe-t-il à des compétitions au cours de sa pratique ? Cet indice est à corréler avec le risque traumatique, le port de protections dento-maxillaires, le niveau de pratique, etc.

8.3.2.4 - Indices de protections dento-maxillaires

8.3.2.4.1 - Fréquence

Cet indice relève si le sportif porte une protection dento-maxillaire et selon quel rythme. Les valeurs associées à cet indice sont :

- toujours,
- Parfois,
- Jamais.

8.3.2.4.2 - Raison(s) de la non-utilisation d'une protection dento-maxillaire

Cet indice est à relever uniquement pour les sportifs qui portent leur protection dento-maxillaire " parfois ", ou ceux qui ne la portent " jamais ".

Les valeurs associées à cet indice sont :

- manque d'information : quand le sportif ne sait pas ce qu'est une PDM, ou qu'il n'en a jamais ou peu souvent entendu parler,

- pas de risque : quand le sportif estime que sa pratique sportive ne présente pas de risque pour sa sphère dento-maxillaire,

- inconfort : Quand le sportif ne porte délibérément pas sa protection du fait de l'inconfort qu'elle génère dans sa pratique,

- trop cher : Quand le sportif n'a pas acheté une PDM, trouvant celle-ci trop onéreuse.

8.3.2.4.3 - Le type de protection dento-maxillaire

Il nous semblait intéressant d'ajouter un indice relevant le type de protection dento-maxillaire portée par le sportif.

Nous avons observé que les rugbymen portaient essentiellement des protections relativement semblables : des protections de types " garnissables " ou bien " thermoformables ", voire en taille unique vendues en grande surface.

Ainsi, les items relatifs à cet indice sont :

- protège-dents du haut seulement ,
- protège-dents du bas seulement ,
- protège-dents en occlusion , intéressant les deux arcades.

8.3.2.5 - Indices dentaires

8.3.2.5.1 - Dysmorphoses

Cet indice relevé sous la forme "oui/non" correspond à la présence ou à l'absence de dysmorphose dento-maxillaire chez le sportif étudié, quelle que soit sa classe d'Angle.

Certes à partir du moment où le sportif n'est pas en classe 1 d'Angle, il existe forcément une dysmorphose.

Cet indice est à corréler avec le risque traumatique.

Nous n'avons pas systématiquement relevé toutes les dysmorphoses rencontrées, notamment celles abordées dans le chapitre qui leur est consacré ci-avant.

Mais nous nous sommes seulement attardès à relever les indices (voir ci-après) qui nous paraissaient les plus facilement observables dans des conditions d'examens cliniques relativement limités en temps et en matériel.


8.3.2.5.2 - Le surplomb

Les surplombs incisifs nous semblaient également pouvoir être en corrélation avec le risque de traumatismes bucco-dentaire. Nous avons donc visuellement évalué l'importance de ce surplomb chez les joueurs examinés.

Les items correspondant à cet indice sont :

- inférieur ou égal à 0 mm,
- entre 0 et 2 mm,
- plus de 2 mm.

8.3.2.5.3 - Le recouvrement

En écho à l'indice précédent, il nous semblait intéressant d'évaluer de la même façon le recouvrement incisif chez les joueurs examinés. Cet indice correspond à trois valeurs :

- normal,
- nul,
- important.

8.3.2.5.4 - Les vestibuloversions/linguoversions

Elles sembleraient également fortement favoriser la fréquence des fractures incisives. Leur proéminence en fait souvent la première zone faciale touchée lors d'un choc, et leur implantation parodontale paraît souvent fragile.

A ces malpositions sont généralement associées des rotations qui exposent les angles mésiaux et distaux. Les fractures d'angle sont fréquentes. Nous avons pour ces malpositions systématiquement relevé le type de malposition et les numéros des dents concernées.

8.3.2.5.5 - Classe d'Angle

Cet indice correspond à la classe d'angle " molaire ", relevée selon les rapports dento-dentaires des premières molaires maxillaires et mandibulaires.

Les valeurs numériques associées à cet indice sont :

- classe 1 d'Angle,
- classe 2 d'Angle,
- classe 3 d'Angle.

Cet indice est à corréler avec le risque traumatique.

8.3.2.5.6 - Nombre de couronnes délabrées

Cet indice, que nous avons mis au point entre les différents enquêteurs, est nécessaire pour évaluer l'incidence de la perte d'occlusion suite à un délabrement "carieux".

Une couronne dentaire est considérée comme "délabrée" à partir du moment où elle a perdu au moins un tiers de sa face occlusale.

Deux items correspondent à cet indice :

- le nombre : valeur numérique associée au nombre de dents délabrées.

- la situation : avec le choix entre les valeurs "antérieur", "postérieur", et "antérieur et postérieur", lorsque les couronnes délabrées se situent respectivement dans les secteurs antérieurs (canine à canine), postérieur ou les deux.

8.3.2.5.7 - Facettes d'usure

Cet indice correspond au nombre de dents présentant des facettes d'usure. Il est intéressant pour évaluer une relation entre un type de pratique sportive et l'apparition de contacts dento-dentaires para-fonctionnels.

Les items à compléter sont identiques à l'indice précédent :

- le nombre : valeur numérique associée au nombre de dents qui présentent des facettes d'usure,

- la situation : avec le choix entre les valeurs "antérieur", "postérieur", et "antérieur et postérieur" lorsque les couronnes présentant des facettes d'usure se situent respectivement dans les secteurs antérieurs (canine à canine), postérieur ou les deux secteurs.

8.3.2.5.8 - Bruxisme

L'indice précédent se devait absolument d'être corrélé avec la présence ou l'absence de bruxisme chez le sportif étudié. Cet indice est relevé sous la forme " oui/non " correspondant à la présence ou l'absence de bruxisme.


8.3.2.5.9 - Traitement d' ODF

Nous avons été amenés à introduire cet indice car de plus en plus d'enfants sont concernés par l'orthopédie dento-faciale. Et ils dèsirent tous poursuivre leur pratique sportive s'ils le peuvent.

Nous avons pensé utile de relever si le sportif examiné était ou non en cours de traitement ODF. Cet indice est relevé sous la forme "oui/ non".

8.3.2.5.10 - Dernière consultation dentaire

Cet indice correspond à la date de la dernière consultation dentaire. Les valeurs associées à cet indice sont :

- moins de six mois,
- moins d'un an,
- plus d'un an.

Il peut être intéressant de corréler le suivi des sportifs avec leur risque traumatique ou le port de protections dento-maxillaires.

8.3.2.6 - Indices de traumatismes

8.3.2.6.1 - Introduction

Ces indices, choisis pour l'étude, permettent de relever les éléments caractéristiques des traumatismes observés chez les sportifs étudiés.

Le choix de ces indices est le fruit d'un compromis entre leurs valeurs quantitatives et scientifiques et leurs facilités d'observation dans un temps réduit.

8.3.2.6.2 - Le type de traumatisme

Cet indice relève le type général du traumatisme sans le caractériser pour faciliter le tri informatique. Les valeurs associées à cet indice sont en rapport direct avec la classification des traumatismes gingivo-dento-alvéolaires selon l'OMS (1978).

La classification de l'OMS comporte quatre type de traumatismes :

- traumatismes des tissus durs et de la pulpe,
- traumatismes alvéolo-dentaires avec mobilisation,
- traumatismes des supports osseu,
- traumatismes gingivo-osseux.

Pour simplifier la fiche d'enquête, nous avons regroupé les deux premiers types de traumatismes selon la classification de l'OMS en une seule catégorie que nous avons appelé "Traumatismes dento-alvéolaires" .

Classification des traumatismes dento-alvéolaires selon l'OMS (1978)

· Traumatimes des tissus dentaires durs et de la pulpe

- Traumatismes coronaires

Fêlures
Fractures coronaires : amélaires et amélo-dentinaires

Fractures compliquées

- Traumatismes corono-radiculaires

Fractures simples
Fractures compliquées

- Traumatismes radiculaires

Fractures

- Traumatismes alvéolo-dentaires avec mobilisation

Contusion (" concussion ")
Luxation partielle sans déplacement (subluxation)
Luxation partielle avec intrusion
Luxation partielle avec extrusion
Luxation partielle latérale
Luxation totale

· Traumatismes des supports osseux

- Comminution alvéolaire

Mandibulaire
Maxillaire

- Fracture du mur alvéolaire

Mandibulaire
Maxillaire

- Fracture du procès alvéolaire

Mandibulaire
Maxillaire

- Fracture

Mandibulaire
Maxillaire

· Traumatismes gingivo-muqueux

- Lacération de la gencive ou de la muqueuse
- Contusion de la gencive ou de la muqueuse
- Abrasion de la gencive ou de la muqueuse

Les valeurs retenues sont :

- traumatismes dento-alvéolaires
- traumatismes muqueux
- traumatismes osseux.

8.3.2.6.3 - Lieu du traumatisme

Cet indice présente des valeurs différentes en fonction du type de traumatisme. Les valeurs associées aux :

- traumatismes dento-alvéolaires : sont numériques et expriment le numéro de la dent concernée par le traumatismes,

- traumatismes muqueux : sont "menton", "lèvres", "joues", "langues", "gencive", et "vestibule" et regroupent l'ensemble des muqueuses de le sphère buccale susceptibles d'être atteintes lors d'un traumatisme,

- traumatismes osseux : sont "maxillaire", "mandibule", et "condyle mandibulaire".

8.3.2.6.4 - Caractéristiques du traumatisme

Cet indice présente des valeurs différentes selon le type de traumatisme.

Ces valeurs sont à relier avec la classification des traumatismes gingivo-dento-maxillaires de l'OMS.

Pour des raisons de temps d'observation et de simplicité de diagnostic, nous avons été amenés à opérer certaines modifications qui seront détaillées par la suite.

8.3.2.6.4.1 - Valeurs associées au traumatismes dento-alvéolaires

Les valeurs retenues pour l'enquête sont, pour des raisons pratiques d'observation, tirées de la classification de VANEK (1980) simplifiée, complétées pour la partie " alvéolaire " par les valeurs de l'OMS.

La classification de VANEK (in 62) (1980)

· Classe I : Fêlures coronaires

Elle groupe les traumatismes sans perte de substance coronaire. Elle est divisée en quatre sous classes.

- Division I : l'émail est fendillé, les fêlures n'atteignent pas la jonction amélo-dentinaire. La pulpe est vivante.
- Division II : l'émail est craquelé et la dent légèrement mobile. La pulpe est vivante.
- Division III : l'émail est fendillé, la dent peut être légèrement mobile. La pulpe est vivante mais peut se nécroser plus ou moins rapidement.
- Division IV : l'émail est fendillé, la dent peut être mobile, la pulpe est nécrosée.

· Classe II : Fractures coronaires sans exposition pulpaire

Selon l'importance de l'exposition pulpaire, deux sous classes sont décrites.

- Division I : la perte de substance intéresse seulement l'émail ou bien l'émail plus un peu de dentine. La pulpe est vivante.
- Division II : Il y a une perte considérable de l'émail et de la dentine. La pulpe qui n'est pas exposée est vivante.

· Classe III : Fractures coronaires avec exposition pulpaire

Quatre sous-classes sont décrites.

- Division I : l'exposition pulpaire est minime : une corne.
- Division II : l'exposition pulpaire est large. La pulpe est encore vivante.
- Division III : la pulpe est nécrosée (dent immature).
- Division IV : la pulpe est nécrosée (dent mature).

· Classe IV : Fractures coronaires complètes

La dent est mature, la couronne est fracturée au niveau du collet.

· Classe V : Fracture corono-radiculaire oblique

La perte substance intéresse une partie de la couronne et de la racine.

· Classe VI : Fracture radiculaire

· Classe VII : Les luxations

Les dents peuvent être matures ou immatures. La nécrose pulpaire est pratiquement de règle. Cinq sous-classes sont décrites.

- Division I : Il n'y a pas de déplacement, la dent est ébranlée.
- Division II : c'est la subluxation . La dent présente une grande mobilité, sans déplacement.
- Division III : la dent est intrusée.
- Division IV : la dent est extrusée.
- Division V : La dent est déplacée latéralement.

· Classe VIII : L'avulsion

La dent, généralement intacte, mature ou immature, a été chassée de son alvéole.

Remarque : cette classification répertorie avant tout les traumatismes alvéolo-dentaires, en insistant peu sur les traumatismes des supports osseux et les traumatismes gingivo-muqueux.

Les valeurs retenues pour cet indice, tirées des deux classifications sont donc les suivantes :

- fêlure coronaire,
- fracture coronaire sans exposition pulpaire,
- fracture coronaire avec exposition pulpaire,
- fracture corono-radiculaire,
- fracture radiculaire,
- intrusion,
- extrusion,
- luxation latérale,
- expulsion.

8.3.2.6.4.2 - Valeurs associées aux traumatismes muqueux

Elles reprennent les valeurs de la classification de l'OMS, à savoir :

- contusion,
- dilacération,
- abrasion ou perte de substance.

8.3.2.6.4.3 - Valeurs associées aux traumatismes osseux

Elles reprennent les valeurs de la classification de l'OMS, à savoir :

- comminution alvéolaire,
- fracture du mur alvéolaire,
- fracture du procès alvéolaire,
- fracture totale.

8.3.2.6.5 - Soin(s) effectué(s)

Cet indice, intéressant pour connaître le suivi thérapeutique du traumatisme, présente les quatre dénominations suivantes :

- aucun : lorsque aucun soin n'a été effectué suite au traumatisme,
- conservateur : pour les soins d'odontologie conservatrice,
- prothèse : qu'elles soient dentaires, orthodontiques, protectrices, maxillo-faciales, ou de réadaptation occluso-fonctionnelle,
- chirurgie : extractions dentaires, points de sutures, etc.

8.3.2.6.6 - Age le jour du traumatisme

Cet indice permet de restituer le traumatisme par rapport au poste du sportif et éventuellement à son niveau de pratique lors de l'accident. La valeur associée correspond à l'âge en années lors du traumatisme.

8.3.2.6.7 - Circonstances du traumatisme

Cet indice restitue le traumatisme observé ou remémoré dans son cadre de survenue. Tous les traumatismes relevés ne sont pas toujours occasionnés par la pratique sportive et il peut être intéressant de connaître l'importance des autres circonstances.

Les valeurs associées à cet indice sont :

- pratique sportive,
- école,
- maison,
- travail,
- violences,
- accident de la voie publique.


8.3.2.6.8 - Motif de la consultation post-traumatique

Cet indice permet de savoir s'il y a eu une consultation dentaire ou médicale après le traumatisme, et de connaître la ou les raisons de cette consultation.

Les valeurs associées à cet indice sont :

- pas de consultation,
- consultation immédiate,
- consultation retardée,
- douleur,
- esthétique,
- fonction.

Cette valeur permet de connaître la fiabilité des statistiques concernant les traumatismes dento-maxillaires données par les chirurgiens-dentistes traitants, et de connaître l'attitude des sportifs suite au traumatisme.

8.3.2.6.9 - Déclaration à une assurance

Cet indice relevé sous la forme " oui/non ", permet de tester à l'échelle de la population des sportifs étudiés, la crédibilité des statistiques sur les traumatismes dento-maxillaires fournies par les assurances.

8.3.2.6.10 - Port d'une protection dento-maxillaire lors du choc

Cet indice permet de savoir si le sportif portait une PDM lorsque le traumatisme à eu lieu et s'il en portait une, de quel type.

Les valeurs attribuées à cet indice sont :

- non : le sportif ne portait aucune PDM,
- protège dents du commerce : le sportif portait une protection dentaire usuellement trouvée dans le commerce ,
- protection dento-maxillaire : le sportif portait une PDM, adaptée et spécifiquement conçue pour lui.

8.3.2.6.10 - Nota

Nous avons également sélectionné une rubrique " Remarques " dans l'hypothèse où nous aurions omis de relever une ou plusieurs informations dignes d'être portées sur la fiche enquête réalisée.


8.4 - Le recueil des données

8.4.1 - Calibrage

Avant de relever les différents indices de l'étude, il est nécessaire que les chirurgiens-dentistes investigateurs "calibrent" leur manière de leur attribuer une valeur. Lors de l'enquête sur le terrain, s'il y avait doute de l'un des investigateurs, le second donnait son avis et le diagnostic était établi.

8.4.2 - Réalisation d'une fiche d'enquête associée à une base de données informatique

Il est nécessaire d'avoir une trace écrite des données pour en tirer des informations sous forme de statistiques. La réalisation d'une fiche d'enquête est indispensable, mais seule, son intérêt est mineur. Pour le traitement des résultats, l'outil informatique permet un gain important en temps et en souplesse d'utilisation.

Une base de données informatique a été réalisée. Nous avons repris les fondements du travail informatique effectuée par Monsieur TARDIVON qu'il avait utilisé pour réaliser son enquête épidémiologique. Nous avons donc, avec son autorisation, apporté des modifications à cette base informatique afin de l'adapter aux spécificités du rugby. Elle correspond à un programme permettant de rassembler logiquement les indices relevés lors de l'étude et de les trier à volonté pour en faire ressortir les points statistiques intéressants.

Cette base de données a été réalisée à l'aide du logiciel de programmation "Microsoft Access". Le choix pour ce logiciel de création a été influencé par le fait qu'actuellement les produits Microsoft et notamment "Microsoft Access", sont les plus utilisés au monde. Ils créent ainsi un standard incontournable permettant un échange facile des données. L'intérêt final est que le maximum de personnes puissent utiliser cette base pour continuer cette étude. Cette base de données informatique reprend tous les indices à relever ainsi que les différentes valeurs associées.

Un formulaire d'enregistrement des données agrémenté de menus déroulants à choix multiples et de cases à cocher assure la liaison avec la base de données. Cela diminue le risque d'erreur d'enregistrement et limite la monotonie de la saisie informatique.

Il est important d'ajouter que cette version de la base de données est modifiable et modulable à volonté pour permettre l'ajout de nouveaux indices ou de nouvelles valeurs.

La fiche d'enquête associée à cette base de données informatique n'est en fait qu'une copie sur papier du formulaire informatique d'enregistrement des données.

Ci-après, la fiche d'enquête correspond à une copie du formulaire d'enregistrement associé à la base de données. Cette épreuve ne montre donc pas toutes les valeurs relatives aux différents indices, car elles n'apparaissent que lorsque la fiche d'enquête réalisée est saisie sur le support informatique par l'intermédiaire des menus déroulants.

Lors du dépistage, les chirurgiens-dentistes connaissaient par cœur ces valeurs pour remplir la fiche d'enquête.

8.4.3 - Mise en œuvre

Ce paragraphe décrit certains points pratiques de l'enquête.

8.4.3.1 - Nombre d'intervenants

Trois chirugiens-dentistes étaient présents lors de l'observation des rugbymen :

- J.C TAVERNIER
- G. WISSLER
- A. YOUNIS

Leurs tâches étaient de :

- relever les indices en examinant les sportifs (examen clinique et remplissage des fiches d'enquêtes),

- assurer un autre point de vue en terme de diagnostic en cas de doute.

8.4.3.2 - Matériel d'observation, hygiène

Durant l'observation des indices dento-maxillaires de chaque sportif, il est nécessaire de respecter les règles fondamentales de l'hygiène :

- un endroit calme et si possible propre muni d'une table et de plusieurs sièges,
- un éclairage puissant et portable ( lampe frontale, lampe de poche à faisceau concentrable…),
- un miroir d'examen par sportif,
- des gants d'examen,
- des serviettes et produits courants de dèsinfection professionnels (Surfaniosâ).

8.4.3.3 - Notes sur le relevé des données

Pour limiter la complexité du travail de calcul statistique informatique et dans un souci de diminuer le risque de biais dans les résultats, nous avons opté pour le choix suivant : remplir une fiche d'enquête par accident (ensemble des traumatismes à une date donnée) : un sportif peut avoir eu plusieurs accidents ayant entraîné un ou plusieurs traumatismes dento-maxillaires à la fois. Pour un même sportif, nous pourrons donc être amenés à remplir plusieurs fiches d'enquête.

Il apparaît que ce type de dépistage demande en moyenne 4 à 5 minutes par sportif pour un observateur. Pour la saisie informatique des données relevées sur le terrain, il faut compter encore 2 à 3 minutes par fiche.

8.4.3.4 - Liste des clubs de rugby étudiés

Nous joignons ci-après la liste des clubs de rugby dans lesquels se sont rendus les praticiens pour effectuer les relevés de données.

Signalons à nouveau que cette enquête était effectuée de façon tout à fait anonyme, les identités des joueurs examinés n'apparaissant sur aucun des supports utilisés pour l'enquête.

Cette liste de clubs de la Seine-Saint-Denis nous a été fournie par les Docteurs PETIT et GUYNOISEAU.

Ces clubs possèdent des équipes pour la plupart évoluant au niveau des championnats régionaux, voire nationaux pour certaines d'entres-elles.

Nous nous sommes attachés à pouvoir examiner un maximum de joueurs dans chaque club et pour chaque niveau de pratique ( Cadets, Juniors, ou Seniors ).
Nous détaillerons plus loin, lors du traitement statistique de nos résultats, le décompte par club et par catégorie de joueurs.

- Le CS BLANC MESNIL.
Président : Monsieur R. LACOSTE.
Stade : J.S. BOUIN- Av. Ch. Floquet - 93150 LE BLANC MESNIL.

- L'AC BOBIGNY.
Président : Monsieur A. CHAMOIS.
Stade : H. WALLON- rue Salvador Allendé - 93000 BOBIGNY.

- L'AS DRANCY.
Président : Monsieur F. VIZACARRO
Stade : GUY MOQUET- rue Saint Stenay - 93700 DRANCY.

- Le RC LIVRY GARGAN.
Président : Monsieur G. GERNIGON
Stade : A.M. VINCENT- Av. du Mal. Leclerc (RN3) - 93100 LIVRY GARGAN.

- RSC MONTREUIL sous BOIS.
Président : Monsieur J.M. GROS.
Stade : ROBERT BARRAN- 21, rue des Roches - 93100 MONTREUIL.

- RC NEUILLY sur MARNE.
Président : Monsieur G. FAUGERAS.
Stade : GUY BONIFACE- 2, rue du PORT- 93330 NEUILLY-sur-MARNE.

- NOISY- le - GRAND.
Président : Monsieur G. POSSELET.
Stade : ALAIN MIMOUN- 20, rue Vauban - 93160 NOISY-le-GRAND.

- CMS PANTIN.
Président : J.F LEMOUEL
Stade : MARCEL CERDAN- 170, Av. J. Jaurès - 93500 PANTIN.

- SO ROSNY-sous- BOIS.
Président : Monsieur H. TROUQUET
Stade : P. LETESSIER-rue Jules Guesdes-93110 - ROSNY-sous-BOIS.

- L'US SAINT-DENIS.
Président : Monsieur Luc FAUCHOIX
Stade : A. DELAUNE- rue du 18 mars 1962 - 93200 SAINT-DENIS.


- RED STAR SAINT OUEN.
Président : Monsieur M. CONSTANS
Stade : PABLO NERUDA- rue Salvador Allendé - 93400 SAINT-OUEN.

- US STAIN.
Président : Monsieur M. PRACHE.
Stade : A. DELAUNE - rue des Huleux - 93240 STAINS.

Thèse -Chapitre 8